jeudi 28 mars 2024
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Voyage : Milan avant l’expo

La tenue de l’Exposition universelle à Milan à partir du 1 er mai fournit l’occasion d’une redécouverte architecturale de la ville.

milanOn a un peu trop tendance à considérer Milan comme une ville austère et repliée sur elle-même. Il n’en est rien. Il suffit de déambuler dans les artères de la capitale industrielle et financière de l’Italie pour apprécier les charmes de son patchwork architectural. Certes, le visiteur qui amorcerait sa balade Corso di Porta Vittoria devant le sévère Palais de justice de l’architecte fasciste Marcello Piacentini pourra en douter.

Un simple crochet du côté de la Porta Venezia le fera, illico, changer d’avis. Dans ce quartier truffé d’édifices Art nouveau – un style rebaptisé, ici, « Liberty » –, les façades, a contrario, se gondolent, voire exhibent carrément leurs dessous.

Ainsi en est-il de cette flopée de putti aux fesses dodues agrippés sur cet immeuble à l’angle de la Via Malpighi et de la Via Melzo, dans un délire de végétation minérale.

Non loin, la splendide Casa Galimberti de Giovan Battista Bossi (Via Malpighi, 3) arbore des mosaïques bariolées sur lesquelles se tortillent des dames à la poitrine dénudée.

Près de la Piazza Cavour, la banque Santander (Via Senato, 28), elle, s’est installée dans une onctueuse pâtisserie, où la pierre a été pétrie à l’envi.

Outre ses élégants palazzi à la beauté classique, au bas desquels il ne faut pas hésiter à pousser les portails pour découvrir les splendides cours et jardins intérieurs, la ville regorge de petites perles comme la Rotonda della Besana (Via Besana, 12), majestueuse enceinte de style baroque tardif, ou la merveilleuse Basilica di Sant’Ambrogio (Piazza Sant’Ambrogio) et ses exquises colonnes de porphyre. Dans un parc splendide et rasé de près de la Via Mozart (n° 14) trône la Villa Necchi Campiglio, joyau moderniste conçu par Piero Portaluppi. Ses intérieurs années trente, remarquables, ont d’ailleurs servi de décors pour le film « Io sono l’Amore » (Luca Guadagnino, 2009), avec, entre autres, Tilda Swinton et Marisa Berenson.

 

Un paysage urbain en pleine métamorphose

milan3A Milan, les surprises sont légion. Via Croce Rossa, dans le quadrilatère chic de la mode, à l’angle de la Via Manzoni et de la Via Monte Napoleone, se hisse, en toute discrétion, un bijou : une fontaine de l’architecte rationaliste Aldo Rossi formée d’une suite de gradins sur lesquels les badauds peuvent s’asseoir.

Qui se douterait qu’elle est construite du même matériau dont on a fait le célèbre Duomo : du marbre de Candoglia aux délicieuses nuances roses et grises ?

Au sud de la métropole, d’ex-quartiers industriels se transforment en lieux dédiés à la culture. Via Tortona, dissimulé au cœur d’un îlot d’anciens ateliers dans lesquels, notamment, le Teatro alla Scala entrepose ses décors, s’ouvre ce week-end le nouveau Museo delle Culture imaginé par l’Anglais David Chipperfield. Au milieu d’une série de parallélépipèdes en zinc bien raides émerge un étrange volume de verre ondulant tel un fantôme.

Un peu plus à l’est, Largo Isarco, un insolite bâtiment tout habillé d’or scintille dans les cieux tel un signal. Il s’agit de l’une des ailes de la nouvelle Fondazione Prada, projet phare signé par le Néerlandais Rem Koolhaas, qui sera inauguré durant la première semaine de mai. Bref, le paysage urbain se métamorphose à vitesse grand V, profitant en outre, cette année, de la locomotive que constitue l’Exposition universelle 2015, qui ouvrira ses portes le 1er mai (lire ci-contre).

Jusqu’à il y a peu, Milan n’était point une fervente de la grande hauteur. Longtemps d’ailleurs, son cœur balança entre deux gratte-ciel datant de la fin des années cinquante : d’un côté, au sud, la Torre Velasca (Piazza Velasca, 5), œuvre de l’agence BBPR évoquant peu ou prou les tourelles médiévales du Castello Sforzesco ;

De l’autre, au nord, la raffinée tour Pirelli (Piazza Duca d’Aosta) que les Milanais appellent affectueusement Pirellone (géant Pirelli), conçue par un duo fameux, l’architecte Gio Ponti et l’ingénieur Pier Luigi Nervi. Mais la ville a désormais décidé de rattraper son retard.

« Clou » – au sens propre comme au figuré – de ce renouveau architectural : la tour UniCredit que l’Américain César Pelli a érigée, en 2012, dans le quartier Garibaldi, dont la silhouette effilée titille la voûte céleste. Sur le terrain de l’ancien Parc des Expositions Fiera Milano, rebaptisé « CityLife », verront le jour, dans les mois à venir, trois nouveaux gratte-ciel signés par les plus grands « starchitectes » de la planète. Un vrai générique à la Sergio Leone (« Le Bon, la Brute et le Truand », 1966), lesdits bâtiments ayant déjà été affublés de surnoms. Il y a Il Dritto (le Raide) du Japonais Arata Isozaki, le seul pour l’heure visible avec ses 207 mètres de haut maintenus par quatre gigantesques « aiguilles » dorées, qui devrait être achevé cette année ;

Lo Storto (le Tordu) de l’Anglaise Zaha Hadid ; et Il Curvo (le Courbe) de l’Américain Daniel Libeskind. La Skyline milanaise est en train de se métamorphoser radicalement. Via Gaetano de Castillia, d’aucuns disent même avoir vu pousser des arbres dans le ciel.

Ils n’ont pas rêvé. Le projet de Stefano Boeri, deux tours dotées de balcons ultra végétalisés – quelque 900 arbres de 3, 6 ou 9 mètres de haut –, est devenu réalité. Son nom, à lui seul, est tout un poème : Il Bosco Verticale (La Forêt verticale).

Christian Simenc

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