Le Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain (MMVI), situé à Rabat, a ouvert ses portes le 9 octobre 2014. Conçu par le cabinet d’architecture Karim Chakor, il s’inscrit dans le cadre d’une vaste politique de développement et de renforcement des infrastructures culturelles d’envergure du Maroc. Il s’agit de la première institution muséale dans le Royaume à se consacrer entièrement à l’art moderne et contemporain et à répondre aux normes muséographiques internationales. Communiqué.
Le MMVI est intimement lié à la ville où il est bâti. Situé au coeur de la capitale dont l’architecture est à la fois empreinte d’une identité spécifique mais aussi d’une riche diversité culturelle, le bâtiment est né d’une volonté d’intégration dans ce tissu urbain. Une démarche conceptuelle consistant à harmoniser les processus de création moderne avec le patrimoine séculaire assimilé a été adoptée. Les motifs traditionnels ont ainsi été réinvestis et stylisés, afin d’apporter une touche contemporaine à l’édifice.
De cette relation entre passé et présent est née une architecture d’inspiration arabo-mauresque résolument moderne. Son écriture est simple et pérenne. Le projet ne prétend pas céder aux tendances de l’architecture objet. On y reconnaît manifestement l’attitude, bien ancrée au pays, qui cherche à maintenir, quoi qu’il arrive, la continuité de la tradition dans la modernité.
Les arcades
La première façade dite ‘peau architecturale’ est d’inspiration arabo-mauresque. D’un blanc immaculé, elle est constituée d’une colonnade à doubles arches avec des claustras qui reprennent le motif ‘Ktef wa Darja’. Ils projettent sur le bâtiment leur silhouette selon la lumière et les saisons. Cette galerie est l’identité institutionnelle du musée. Elle vient en protection de la seconde peau dite ‘façade chromatique’.
La façade chromatique
Elle a pour vocation d’inviter le public aux manifestations et programmations d’Art de l’édifice. Elle est le support de grandes reproductions d’oeuvres de Chaibia, El Glaoui, Kacimi, Gharbaoui ou encore Melehi. Les plus grandes font 7x15m. En soirée, les murs sont animés par une scénographie colorée et dynamique. La vision nocturne du bâtiment est résolument innovante.
Les axes visuels du bâtiment
Le musée bénéficie de deux percées visuelles traversantes, axées sur les entrées de l’édifice, réalisées en verre agrafé. L’axe Est-Ouest est traversé par les rayons du couchant du solstice d’hiver. Le croisement de ces lignes de construction constitue le coeur de l’édifice. Il s’exprime par un patio autour duquel se développent les activités d’animations comme le salon de thé, la librairie, les ateliers pédagogiques et l’auditorium. Il met en scène les espaces d’expositions temporaires et muséales. C’est le passage obligé avant toute visite.
Les jeux de volume intérieur
Les espaces intérieurs sont fortement rythmés par de grandes variations de hauteur, du simple au triple. Ces variations marquent les transitions entre circulation et lieux d’exposition ou d’animation. La lumière naturelle zénithale des grandes verrières inonde les espaces, jusqu’au sous-sol. Elle met en valeur les perspectives intérieures par séquences successives.
Le sol
D’inspiration traditionnelle, les grands motifs abstraits du sol se propagent dans les espaces de circulation sur trois niveaux (halls, couloirs et escaliers). Ils définissent des orientations, sorte de signalétique intuitive. C’est depuis le premier étage que les visiteurs comprennent le dessin géométrique dans sa globalité.
L’ornement
Le motif ornemental stylisé est le fil conducteur du projet. Il est travaillé selon différents savoir-faire, allant de l’artisanat à l’industrie (la découpe laser, le plâtre moulé, le maillechort ciselé). Le couronnement du bâtiment est affirmé par une frise d’inox polie découpée au laser selon un motif graphique. Ce même dessin est repris autour des puits de lumière, réalisé dans l’esprit du ‘gebs’ en plâtre moulé. Les colonnes de l’atrium sont habillées de maillechort aux motifs fins ciselés à la main par des artisans de Fès.
Karim Chakor