En à peine plus de 20 ans, entre l’effondrement de l’URSS et aujourd’hui, l’Azerbaïdjan, ancienne République soviétique, a su s’imposer aux yeux du monde comme une nation qui compte. Riche Etat pétrolier du Caucase du sud, le pays jouit aujourd’hui d’une indépendance énergétique et économique, les hydrocarbures représentant 70 % de ses exportations globales. Depuis quelques années, les autorités de Bakou misent également sur le tourisme pour faire découvrir ce pays au plus grand nombre.
Il n’est de grande nation qui n’attire. Tel pourrait être le credo du gouvernement azzerbaïdjanais depuis quelques années, alors que Bakou, la capitale, croule sous les modernisations et constructions d’immeubles, soutenues par l’Etat lui-même ou certains investisseurs privés. Si le plus important des pays sud-caucasiens a toujours été une terre fertile pour le tourisme – l’un des plus visités sous l’URSS, notamment pour ces centres naturels thermaux -, ce secteur est en pleine expansion aujourd’hui. L’organisation en 2012 du concours annuel de l’Eurovision et, surtout, de la première édition des Jeux européens en 2015, sont la preuve que le pays veut s’ouvrir au monde et lui offrir sa culture et son patrimoine.
” L’importance du tourisme pour l’économie azerbaïdjanaise ne fait aucun doute ”
Force est d’ailleurs d’admettre que le surnom de ” Perle du Caucase ” sied parfaitement à l’Etat azerbaïdjanais. Car le pays n’est pas riche que de son pétrole ; la civilisation azerbaïdjanaise est le fruit de siècles d’entrechocs culturels : perses, turcs et, plus récemment, soviétiques. Un mélange savamment désordonné qui procure à l’Eldorado du tourisme caucasien, de ses pics montagneux à sa capitale bordée par la mer Caspienne, un délicieux parfum d’histoire et de traditions architecturales. D’un point de vue environnemental, les autorités de Bakou s’engagent depuis plus de 10 ans à préserver la faune comme la flore des régions montagneuses du pays. Loin d’être anecdotique, le programme de réimplantation des gazelles dans leurs espaces naturels, lancé par le ministère de l’écologie et des ressources naturelles en 2010 – en association avec le Fonds mondial pour la nature (WWF) -, témoigne de l’intention sérieuse du gouvernement d’entretenir le patrimoine étatique quel qu’il soit.
L’année 2011 a ainsi été déclarée ” année du tourisme ” en Azerbaïdjan par le président de la République Ilham Aliyev. Le pays enregistre alors un chiffre dépassant les 2 millions de touristes, ce qui incite M. Aliyev a affirmer en novembre 2011 que ” le tourisme a le soutien total du gouvernement azerbaïdjanais “. Toutes les organisations mondiales du tourisme abondent d’ailleurs dans ce sens. David Scowsill, PDG du Conseil mondial du voyage et du tourisme (WTTC), a ainsi soutenu le président Aliyev en déclarant : ” L’importance du tourisme pour l’économie azerbaïdjanaise ne fait aucun doute. La contribution globale du secteur au PIB augmentera de 9,5 % par an dans les dix prochaines années. ” Loin de se contenter de ces chiffres positifs sur le bond économique du tourisme, M. Scowsill estime que ” la main-d’oeuvre de cette industrie augmente en moyenne de 5 % par an pour atteindre 375 000 emplois en 2021. ”
Une stratégie touristique bien rodée
Sauf que, revers de la médaille – s’il en est -, l’afflux croissant de touristes chaque année oblige le gouvernement à rénover, moderniser et même construire des infrastructures propres à les accueillir. Car si Bakou possède déjà quelques grands complexes réservés au tourisme, les régions les moins accessibles – comme le nord du pays, pourtant propice au développement des sports d’hiver – en sont dépourvues. Au grand dam des promoteurs immobiliers, le pétrole peut aisément financer tous les grands projets, mais il ne peut pas encore accélérer le temps. C’est peut-être là le seul obstacle rencontré par le lobby gouvernemental du tourisme, qui espère à terme rendre touristiques des régions peu praticables. Ainsi en est-il d’une région au nord de l’Azerbaïdjan, où un parc hôtelier de luxe ainsi que des maisons d’hôtes seront construits d’ici 6 ou 7 ans.
S’il reste des zones pour l’instant peu touristiques dans cette partie du Caucase, les autorités azerbaïdjanaises sont à l’oeuvre pour développer le tourisme depuis plus de 10 ans. D’une part, à la suite d’un programme gouvernemental engagé sur la période 2002-2005, les revenus du tourisme en Azerbaïdjan sont passés de 432 millions de manats – soit 404 millions d’euros, 1 euro équivalant 1,07 manat – en 2002, à plus d’1 milliard de manats – environ 1 milliard d’euros – en 2009. D’autre part, depuis 2013, les procédures de délivrance de visa touristique sont simplifiées. D’après Taleb Rifai, secrétaire général de l’Organisation mondial du tourisme (OMT), ce ” nouveau système… intensifiera les flux de touristes internationaux “, ce qui devrait donner un ” nouvel essor au secteur du tourisme ” en Azerbaïdjan.
Dans les prochaines années, les chiffres de ce secteur ne feront donc que poursuivre leur belle ascension exponentielle. Le pays compte pour ce faire non seulement sur ses facteurs traditionnels – architecture, folklore, mode de vie – et naturels, mais également sur ses autorités qui ont depuis longtemps saisi l’importance économique d’une réelle politique touristique attractive. Comme un symbole lourd de sens, la 57ème conférence de l’OMT pour l’Europe se tenait en avril dernier, à Bakou.
Par Marc Dumont