À deux pas de Tétouan, cette baie de 15 km en bord de Méditerranée a été désignée pour devenir le rendez-vous chic de la région. L’hôtel Banyan Tree vient d’y ouvrir.
Au tout début, il n’y avait que broussailles et caillasses, oliviers tordus, cactus flétris et tapis d’herbes brûlées par un soleil de plomb. On y apercevait également quelques ânes égarés près d’une pelote de moutons enveloppés de poussière, ainsi que d’humbles masures éparpillées dans un décor trop grand pour elles. Nous sommes entre montagnes du Rif et bleus de la Méditerranée. Oui mais. Ici, il y avait aussi une baie, une immense baie en arc-de-cercle quasi parfait, tapissée de sable clair. Un site vide, ignoré, inaltéré, à 22 kilomètres de Tétouan, l’étoile de la région, très précisément entre Cabo Negro et Fnideq, en passant par le charmant petit village de pêcheurs de M’diq. Prononcer Tamuda Bay.
En une bonne dizaine d’années, la pépite seulement riche de son potentiel est devenue station balnéaire moderne, superéquipée, au standing élevé. Les grandes enseignes hôtelières ont adhéré. Le Club Med Yasmina, le premier, puis Sofitel avec son design branché, un Ritz Carlton plus académique, pour fans de golf, enfin le magnifique Banyan Tree, 92 villas dernier cri, inauguré ces jours-ci. En attendant les autres.
Certains y voient Marbella, version marocaine. D’autres applaudissent la planque pour initiés, en trinquant sur la terrasse de leur villa aux normes californiennes. Pour les uns comme pour les autres, un peu de patience quand même, le temps que la région, riche de mille ans de savoirs, peuplée de rudes agriculteurs et d’habiles marchands, se rode au contact d’estivants débarqués ici pour une quinzaine, tête à la fête et à la belle vie.
Tanger, Tétouan et Chefchaouen…
Comme souvent au Maroc, tout a commencé par une royale histoire d’amour. L’actuel souverain, Mohammed VI, a séjourné ici, entre ses 10 et ses 15 ans. Palais pieds dans l’eau, nounous, copains, précepteurs… Rien ne lui a manqué pour savourer à plein cette escale ensoleillée. S’il est devenu fou de jet-ski et a vite admis que ce cadre idyllique dopait la monarchique tempérance, il a aussi eu la claire vision d’un futur doré pour Tamuda Bay.
L’idée de construire une station phare avait déjà été émise par son père dans les années 1960. Mais nombre de réalisations étaient restées dans les cartons. Avec l’an 2000 et le volontarisme du nouveau souverain, tout s’accélère. Route de bord de côte, éclairage public (des centaines de réverbères design éclairent la promenade de front de mer), espaces verts, permis de construire, appels aux capitaux du royaume ainsi qu’à ceux des pays du Golfe, sollicitation des enseignes hôtelières internationales, programmes immobiliers pour particuliers… «Le royaume s’engage sur tous les fronts pour inscrire très vite Tamuda Bay sur la carte mondiale du tourisme», résume un responsable local du développement touristique. C’est bien parti.
Il est vrai qu’outre sa splendide façade méditerranéenne, la région multiplie les arguments. La mythique Tanger est à une heure de route. Tétouan, la capitale locale, est classée par l’Unesco, c’est dire. L’architecture espagnole du centre-ville, façades blanches et balcons de fer forgé, fait merveille. Tout comme le souk et ses venelles tortueuses qui semblent inchangés depuis la nuit des temps.
Le village de Chefchaouen, 60 km plus loin, petit bijou du Rif avec ses maisons bleues, est également classée par l’Unesco. Il fut visité par Charles de Foucault, suivi depuis par nombre de férus des mystères du ciel. M’diq encore, avec son marché miniature, bluffant de sincérité, et son petit port à l’abri duquel patientent une vingtaine de bateaux. Demain matin, ils ramèneront les sardines qu’on savourera sur le gril d’un restaurant sans façon installé sur le quai. Sans oublier l’ambiance générale: tradition marocaine d’un côté, singularité des gens de montagne et gouaille des pêcheurs ; esprit espagnol omniprésent de l’autre, langue de la rue, enseignes des boutiques, façades, plaisir des terrasses et du dîner tard…
La presqu’île de Ceuta, Graal de tant de réfugiés subsahariens, ferme Tamuda Bay, avant que la côte ne plonge plein ouest vers Tanger. Là-bas, juste en face, brillent les lumières de Gibraltar.
Appartements, villas et hôtels
Quand on évoque le lancement du projet Tamuda Bay, on parle de «La haute sollicitude royale». Cela en impose assez pour le rendre indiscutable, d’autant qu’il entre dans le cadre de «Vision 2020», l’ambitieux plan d’aménagements qui doit séduire 20 millions de visiteurs étrangers à cette échéance.
Mission accomplie, Tamuda Bay est en ordre de marche. Parterres joliment fleuris, promenade de bord de mer épatante pour les joggers, les bikers et même pour les amoureux, faux palmiers pour vraies antennes satellites, téléphone, Wifi et selfies a gogo, macadam lissé, marinas, hôtels, résidences de vacances, volley sur la plage et parasols bien alignés, tout est prêt. L’euphorie des vacances en prime.
Entre le nouveau Sofitel, identifiable au gros cube bleu vif qui lui sert d’entrée et le flambant neuf Banyan Tree, se trouve la zone touristique aménagée, tendue le long de la plage large comme une piste d’aéroport. Entre les deux, se succèdent îlots d’habitations et hôtels. Avec un trésor pieds dans l’eau en forme de parenthèse, le propre palais estival de Mohammed VI. C’est dire le plaisir du souverain à séjourner ici en compagnie de sa suite.
Côté résidences privées, on choisit entre appartements, de 50.000 euros jusqu’au triple selon superficie, étage et vue, et villas, 300.000 à 800.000 euros. À la location, ces biens seront affichés entre 1000 et 8000 euros la semaine en fonction du standing et des saisons. Dans tous les cas, façades blanches immaculées, jardins fleuris et pelouse verte, l’arrosage est automatique, plage aménagée, domaine entièrement clos avec contrôles de chaque entrée, mille services à la carte et sérénité assurée.
Rituels thaïs et marocains
Au rayon hôtellerie, c’est donc le Banyan Tree qui mobilise actuellement toutes les curiosités. Normal, il vient d’ouvrir. La chaîne singapourienne créée en 1994 ouvre ici sa 43e adresse en conformité avec son style: luxe, bien-être et préservation de l’environnement. Un concept certes dans l’air du temps mais que l’enseigne développe avec une réelle sincérité dans 28 pays.
L’arrivée à l’hôtel en impose. Elle se fait par un long pan incliné qui conduit jusqu’à un pavillon blanc aux allures de temple asiatique avec 6 mètres sous plafond. C’est le lobby. De l’autre côté, il ouvre sur une avancée de bassins et de bâtiments blancs, avant que le regard file vers la piscine, 30 mètres de longueur sur 12 de large, carrelée de bleu cobalt, elle est magnifique, et, enfin, la Méditerranée. Pause. Œil rond garanti.
Au programme de cet établissement d’une nouvelle ère installé sur 25 ha de jardins, des villas, uniquement des villas, de 203 à 421 m², trois restaurants dont un thaï gastronomique et un italien à tu et à toi posé en bord de mer, ainsi qu’un spa sophistiqué, la référence de Banyan Tree. Rituels thaïs et marocains, piscine et cascade de soins au royaume du bien-être. De 100 à 250 euros quand même.
Chacune des 92 villas est close de murs. Intimité absolue. Vaste chambre, salon, salle de bains pour star, pour la plupart, terrasse bordant la piscine privée (joli bassin permettant de se rafraîchir) et tous les arguments de l’époque, écran plat, Wi-Fi gratuit, air conditionné, etc. «Le Maroc est un pays de traditions. Notre projet vise à la respecter, à l’intégrer. Puis à mettre l’excellence Banyan Tree au service de vacanciers qui veulent découvrir la région tout en profitant du cadre et des services d’un hôtel de grande classe», résume Christian Langlade, quinqua français, le maître des lieux. «Notre base hôtelière est là, le même standing doit se retrouver dans chacune de nos maisons, en respectant aussi la spécificité de ce qui l’entoure. Pour nous, c’est cuisiner les poissons achetés au village avec les légumes que le chef trouve dans la montagne, c’est introduire l’huile d’argan dans le protocole des massages, avoir des buggies non polluants, inscrire les vins marocains sur nos cartes…», poursuit le directeur général, avant de détailler les nombreuses excursions proposées. «Le Maroc à notre porte est exceptionnel d’authenticité.» Vrai. Visite de Tétouan, de préférence en soirée, quand le souk s’anime, escapade à Chefchaouen, randonné ou VTT sur les chemins du Rif, découverte de Tanger… Voilà une vertu du Banyan Tree: permettre à ses clients de repartir plus riches que d’un simple regard posé sur la Méditerranée. Dans cet hôtel, la richesse va au-delà des vacances ordinaires. Sa Majesté en sera enchantée.
Carnet de route
Y aller – Vols quotidiens de 2 h 30 entre Paris et Tanger assurés par Royal Air Maroc. Environ 240 € (tél.: 0 820 821 821 et www.royalairmaroc.com). L’aéroport Ibn Battouta est très moderne et très efficace. On en sort au bout de 15 min. Après une heure d’autoroute, arrivée à Tamuda Bay.
Heure – Quand il est midi en France, il est 11 heures au Maroc.
Y loger – Les villas du Banyan Tree sont accessibles à partir de 355 € (tél.: 00 212 539 669 999 et www.banyantree.com). L’hôtel assure les transferts depuis l’aéroport (80 €).
Forfaits – La Maison de l’Afrique propose des formules clefs en main comprenant les vols, les transferts et le séjour à Tamuda Bay avec petits déjeuners: 4 nuits à partir de 1 030 € par personne (tél.: 01 56 81 38 29 et www.maisondelafrique.fr).
Bon à savoir – Cette région du Maroc est «sèche». Les cafés et les restaurants, à quelques exceptions près (l’excellent El Reducto à Tétouan), ne servent pas de boissons alcoolisées. En revanche, tous les hôtels, dont le Banyan Tree, en ont l’autorisation.
Se renseigner – Office national marocain du tourisme (Tél.: 01 42 60 63 50).
Écrit par Jean-Pierre Chanial